Après une longue absence, le Cercle Samarcande revient pour vous tenir au courant des dernières évolutions politiques du monde arabo-musulman. Retour sur les principaux thèmes qui font l’actualité cette semaine dans la région.
Des pourparlers en échec
Un mois à peine après le début des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, la situation apparaît déjà critique et les discussions sont rompues suite au refus du gouvernement Netanyahou de prolonger le moratoire temporaire sur la construction dans les Territoires occupés. Mahmoud Abbas a consulté vendredi dernier la Ligue Arabe en Libye pour s’enquérir sur la conduite à tenir, rapporte Le Monde. Cette dernière a décidé de soutenir la décision du Président de l’Autorité Palestinienne de suspendre les pourparlers et lui a donné un mois pour tenter de débloquer la situation avant de se réunir à nouveau.
Dans le même temps, le gouvernement israélien a approuvé dimanche un projet d’amendement à la loi sur la citoyenneté qui obligerait les non-Juifs candidats à la citoyenneté à jurer loyauté à Israël en tant qu’Etat « juif et démocratique ». Il leur est simplement demandé actuellement de prêter un serment d’allégeance à l’Etat sans plus de détails. Le New York Times détaille la volée de boucliers et les divisions au sein même de la coalition déclenchés par ce projet, décrit comme discriminatoire.
Sur un registre proche, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a proposé d’étendre le moratoire sur la construction en échange d’une reconnaissance palestinienne du caractère juif d’Israël. Le porte-porale de Mahmoud Abbas a immédiatement fait part de son refus, selon Haaretz. Pour mémoire, on rappellera que la reconnaissance d’Israël comme un Etat juif compromettrait gravement, au moins de manière symbolique, le « droit au retour » des Palestiniens ayant fui le territoire durant la guerre de 1948, une revendication centrale de l’Autorité Palestinienne.
Des pourparlers en devenir ?
Du côté afghan, la guerre est entrée dans sa dixième année alors que la mort de l’humanitaire Linda Norgrove lors d’une opération de sauvetage crée la controverse en Grande-Bretagne. The Guardian nous informe sur les interrogations qui entourent cette intervention des forces spéciales américaines : l’otage aurait ainsi peut-être été tué par une grenade américaine et non par la détonation d’une veste explosive par un insurgé, comme cela avait été initialement rapporté.
Après dix jours de fermeture, les autorités pakistanaises ont accepté de rouvrir le point de passage de Torkham, principale voie de ravitaillement pour les forces de la coalition internationale en Afghanistan. Le blocage de la frontière faisait suite à une incursion en territoire pakistanais d’hélicoptères de l’OTAN ayant provoqué la mort de deux paramilitaires pakistanais (Frontier Corp) comme le rappelle le Washington Post. Pendant ce temps, les frappes de drone américaines se poursuivent toujours à une cadence effrénée : après les 22 frappes recensées en Septembre, 9 attaques ont eu lieu depuis le début du mois d’octobre, d’après le décompte de la New America Foundation.
Il est désormais établi cependant que des discussions informelles sont bien engagées depuis un certain temps entre le gouvernement afghan et des Talibans, apparemment avec la bénédiction du Mollah Omar comme le suggère l’AFP. Le Haut Conseil pour la Paix, institué par Hamid Karzaï pour conduire les négociations avec l’insurrection, a élu Burhanuddin Rabbani, ancien Président d’Afghanistan de 1992 à 1996, à sa tête, rapporte Pajhwok.
De vives tensions au Levant
La tension est encore montée d’un cran récemment au Liban alors que se rapproche l’échéance probable de publication des mises en accusation par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Celles-ci pourraient viser en premier lieu des membres du Hezbollah ; ce dernier se défend vigoureusement en contestant la légitimité et l’impartialité du TSL, nous apprend Le Monde. La milice chiite menace par ailleurs Israël et met en avant sa force militaire renouvelée depuis le conflit de 2006, détaille le New York Times.
Les parrains du mouvement de « résistance » ne demeurent pas inactifs non plus et affichent clairement leurs positions. La Syrie a ainsi lancé plus de 30 mandats d’arrêts contre des personnes accusées d’avoir donné de fausses informations et délibérément biaisé l’investigation en cours selon Al Jazeera. Le Président iranien, Mahmoud Ahmadinedjad s’est quant à lui rendu au Liban la semaine dernière ; le New York Times y voit le signe d’une influence iranienne en progression au Pays du Cèdre.
Vers une sortie de crise ?
Après avoir établi le (triste) record de la plus longue durée de formation d’un gouvernement, les partis irakiens pourraient avoir opéré une percée dans les négociations. Etant parvenu à rallier les Sadristes à sa candidature – alors même qu’il a mené une vaste offensive contre l’Armée du Mahdi, la milice de Moqtada Al-Sadr en 2008 –, l’actuel Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, dispose a priori désormais d’un solide avantage pour être reconduit. Les Américains ne semblent ainsi pas être parvenus à imposer leur solution et le retournement de Al-Sadr fait suite à de fortes pressions iraniennes rapporte The Independent. Il reste cependant encore aux chiites à s’entendre avec les Kurdes pour obtenir la majorité requise de 163 sièges au Parlement. L’Arab Reform Bulletin annonce des discussions difficiles et rappelle que rien n’est joué.