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Mercredi 4 novembre 2009 à 20:18

La revue de presse a pris du retard sur l’actualité du moyen-orient – veuillez nous en excuser. Cela dit, les officiels irakiens ont été assez aimables pour nous attendre, prenant eux-même du retard sur le calendrier électoral. Même situation en Afghanistan, où de nouvelles élections, qu’on espère cette fois libres et justes selon les commissions électorales indépendantes, auront lieu le 7 novembre. Et tandis que les alliés sont confrontés à des difficultés supplémentaires sur le plan démocratique de la lutte globale contre le terrorisme, l’offensive militaire a été lancée contre les fiefs Talibans du Sud-Waziristan, sur le sol et par l’armée pakistanaise. NDLR: l'élection a depuis été annulée en raison du retrait du docteur Abdullah Abdullah.

 

En Irak, la commission parlementaire, chargée de convenir d’un nouveau texte sur le fonctionnement des élections, piétine. La date limite à l’élaboration de ce texte était fixée au 15 octobre, ce qui aurait laissé 90 jours pour préparer les prochaines élections législatives. Le New York Times rappelle que le progrès principal du nouveau texte de loi est de permettre aux candidats libres de se présenter ; ceci est entravé par un problème d’équilibre des minorités au nord du pays. En effet, la région est peuplée d’une majorité kurde depuis les mouvements de populations dûs à la guerre, majorité qui souhaite annexer le territoire à un futur Kurdistan. Les populations arabes et turkmènes sont donc mises en minorité, ce qu’elles refusent.

 

Cet échec semble porter en germe une instabilité dont les troupes américaines sont plus ou moins parvenues à débarrasser le pays. En effet, un double attentat a eu lieu dimanche 25/10 à Bagdad, dans la zone verte, la plus sécurisée de la ville, voire du pays. 155 personnes ont trouvé la mort dans ces explosions, revendiquées par un groupe proche d’Al Qaida ; c’est l’attentat le plus meurtrier depuis deux ans.

L’opinion publique irakienne est très critique vis-à-vis du gouvernement de Nuri Al-Maliki, accusé de n’avoir rien fait pour la sécurité du pays, rapporte Al Jazeera. Dans ce contexte très fragile, au bord d’un retournement de situation, Washington compte maintenir ses troupes sur place, et mettre entre parenthèses le retrait prévu, en attendant un compromis gouvernemental et pour assurer des élections dans des conditions maximales de sécurité.

 

Le Premier Ministre Nuri Al-Maliki était le 18 octobre à Washington pour défendre l’investissement économique en Irak, avançant des conditions de sécurité en progrès et un contexte politique assez favorable. Son discours n’a pourtant pas eu de grande portée, en pleine crise législative, et offrant ainsi le flanc aux critiques internes qui lui reprochent d’être davantage présent à l’international quà veiller à la reconstruction et stabilisation de son pays.

 

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Omar Samad, ambassadeur d’Afghanistan en France, a également appelé à un investissement financier des puissances occidentales dans le gouvernement afghan, comme le rapporte le Monde. Cet argent est par ailleurs nécessaire, notamment contre la lutte contre la production d’opium, qui n’a pas l’air de porter ses fruits : ce marché reste énorme, représentant 65 milliards de dollars par an.

 

L’Afghanistan est également gelé en pleine contestation électorale. La Commission Electorale Indépendante afghane et la commission électorale des Nations Unies ont constaté de graves irrégularités dans les votes : environ 1/3 des bulletins étaient frauduleux, faisant passer le résultat du président actuel Hamid Karzai de 55% à 48,3%. Karzai a tenté le week-end dernier de conserver son mandat malgré tout, mais la pression de la communauté internationale – et de son concurrent, Abdullah Abdullah, précise le Guardian – l’ont contraint à se soumettre à la règle : la tenue d’un second tour d’élections, qui aura lieu le 7 novembre. En effet, passer sous la barre des 50% entame sérieusement la légitimité du président Karzai, fragilisant d’entrée le gouvernement à naître, et l’alliance occidentale qui le soutient.

 

Profitant de l’instabilité institutionnelle, les talibans commencent leur campagne de terreur, par un attentat contre une antenne de l’ONU à Kaboul. Le Guardian rapporte le décès de 12 personnes, dont 6 membres de l’administration internationale.

 

Selon Al-Jazeera, il convient de ne pas se presser dans l’envoi des renforts alliés, Britanniques et Américains surtout, prévus depuis peu. L’Australie, qui compte 1500 hommes sur place, en profite d’ailleurs pour planifier son retrait, souligne Le Monde.

 

Il faut noter que l’offensive pakistanaise menée à la frontière est est suffisamment risquée pour qu’Islamabad ait demandé le soutien de l’OTAN. Cela impliquerait peut-être un envoi de troupes de renfort dans la région, pour contrer la double offensive talibane (Afghanistan et Pakistan).

 

 

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Le 21 octobre, des progrès semblaient avoir été faits dans le dossier du nucléaire iranien. L’AIEA, la Russie, la France et l’Iran, accompagnés dans leurs négociations par les Etats-Unis, se sont en effet réunis à Genève pour discuter d’un contrat énergétique entre les quatre partenaires. L’Iran s’est montré plutôt favorable à un brouillon dont la signature était attendue le 23 octobre, rapporte Al Jazeera. Ce contrat « blanc » stipule que les trois quarts de l’uranium enrichi à 5% que possède l’Iran – environ 1,5 tonnes – sera envoyé à la Russie, puis à la France, pour produire un isotope enrichi à 19,75%, utilisable uniquement pour le traitement de certains cancers.

 

Ce marché représenterait une avancée – surtout symbolique, juge le New York Times – dans le dossier du nucléaire iranien : la majorité de l’uranium serait rendue inaccessible pendant environ un an, accordant ainsi un délai de négociations supplémentaire. Le Guardian rappelle que les discussions concernant Qom et la poursuite des activités d’enrichissement doivent être discutées à la fin du mois.

 

Toutefois, un problème quant au rôle de la France dans ce marché – lié à un contentieux sur la participation iranienne à Areva et les réticences françaises à céder de l’uranium de cette entreprise d’Etat. De plus, le porte parole de l’Agence Iranienne pour l’Energie Atomique a rappelé au Monde que l’Iran n’a absolument pas l’intention de renoncer à son droit « légal et évident » à la technologie nucléaire, allant jusqu’à un enrichissement à 20% si le contrat n’est pas conclu avec la Russie et la France.

 

5% suffisent amplement pour le nucléaire civil ; à la suite des déclarations du porte-parole, Ha’aretz rapporte que les autorités israéliennes ne sont absolument pas rassurées quant à la menace que représentent les activités nucléaires iraniennes, d’autant qu’avec les infrastructures actuelles, il suffirait d’à peine un an pour que l’Iran produise à nouveau 1.2 tonne d’uranium.

 

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L’Isratine de Kaddhafi demeure un rêve lointain : tous les partenaires des processus de paix (Hamas-Fatah et Israël-Palestine) montrent de la réticence. Le premier accord – rejeté par le Hamas – concerne la réconciliation entre Hamas et Fatah, grâce à la médiation égyptienne. Ha’aretz rapporte que ce texte engage Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne, à décréter des élections parlementaires et présidentielles au 28 juin prochain dans les territoires palestiniens, que la bande de Gaza sera gouvernée par un comité multipartite et sa sécurité assurée par une nouvelle force de sécurité. Selon l’Egypte, cet accord est censé reconnaître l’existence de l’Etat Hébreu et forcer les deux partis à renoncer aux méthodes terroristes ; mais le texte n’est pas très clair à ce sujet.

 

En effet, de graves divergences persistent entre les deux grands partis, notamment sur l’existence d’Israël, les méthodes de combat et au sujet des positions contradictoires qu’a adopté Mahmoud Abbas aux Nations Unies au sujet du rapport Goldstone. Le quotidien israélite précise que le Hamas s’est annoncé incapable de surmonter ces clivages, et a refusé de signer l’accord égyptien.

 

Faute d’un accord, Mahmoud Abbas a émis un décret présidentiel qui prévoit, conformément à la loi fondamentale palestinienne, des élections pour le 24 janvier prochain, choix auquel le Hamas est farouchement opposé. Ce dernier parti possède, selon Ha’aretz, une base suffisamment importante (1.5 millions de palestiniens dans la Bande de Gaza) pour retirer toute leur crédibilité et légitimité à ces élections.

 

 

Dans ce contexte, il est très difficile de penser pouvoir obtenir un accord de paix israëlo-palestinien. Pourtant, et malgré les divisions palestiniennes, l’administration Obama pousse Abbas à renouer le dialogue, sans conditions, avec le gouvernement de Benyamin Netanyahu. Quelques jours auparavant – le 21/10 – l’ambassadeur américain aux Nations Unies avait pressé les officiels israëliens de faire preuve de bonne volonté en reprenant les négociations de paix. Alors qu’Israël et les territoires palestiniens campent sur leur positions quant aux bases légales des négociations (avant ou après les frontières de 1967), les Etats-Unis tentent de mettre tout le monde autour d’une table avant de discuter de problèmes frontaliers et de constructions.

 

Ha’aretz rappelle que les constructions israéliennes ont été déclarées illégales par la Cour Internationale de Justice, et qu’y mettre un terme a été un engagement de l’Etat hébreu, sans lequel, selon Saeb Erekat (négociateur palestinien à Washington), les négociations ne peuvent reprendre. Faute de mieux, Netanyahu a proposé de cesser les constructions autour de Jérusalem, et s’est montré favorable à la création d’un Etat Palestinien frontalier à Israël, sans être toutefois plus précis.

 

 

 

Des jets de pierre entre palestinens et forces de l’ordre israéliennes ont eu lieu sur le mont du Temple dimanche 25/10, blessant 25 blessés parmi les jeunes musulmans. La tension monte alors que les troupes israéliennes patrouillent régulièrement et que les leaders arabes du Hamas, notamment, appellent à « la défense de Jérusalem contre la conquête juive ».

 

 

Un second facteur de tensions est le rapport Goldstone, qui attribue à Israël et au Hamas les crimes de guerres commis durant la guerre de Gaza de janvier 2009. Selon les officiels israéliens, le rapport est largement biaisé en faveur des Palestiniens, et le mettre en avant constitue un affront envers l’Etat d’Israël, mettant en danger les négociations de paix. En ce sens, ils sont soutenus par les Etats-Unis. (Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire l’article de Gilles Paris sur http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2009/10/16/ce-que-demande-le-rapport-goldstone/, qui est assez éloquent.)

Mahmoud Abbas, afin de préserver les négociations, avait décidé d’ajourner l’examen du rapport par l’Assemblée Générale ; or, des pressions internes – exercées notamment par le Hamas – et la déception populaire l’ont fait revenir sur sa position et demander l’examen du rapport.

 

Le 16/10 dernier, la Commissions des Droits de l’Homme des Nations Unies (UNHRC) a adopté une résolution approuvant le rapport. La France et le Royaume-Uni n’ont pas participé ; les Etats-Unis et l’Italie ont rejeté la résolution ; la Russie a voté pour, allant ainsi à l’encontre des liens privilégiés qu’elle s’efforce de construire avec Israël. Avigdor Lieberman, Ministre des affaires étrangères israélien, a d’ailleurs qualifié ce geste russe de « gifle personnelle » ; les officiels russes se sont justifiés de la pression occidentale et se sont empressés de promettre de voter contre lors de l’examen du rapport au Conseil de Sécurité. A cette occasion, un véto américain, soutenant les positions israéliennes, est attendu.

 

En conséquence, une commission gouvernementale a été créée mardi 20/10 au sein du gouvernement israélien, chargée d’étudier la conduite de l’armée durant la guerre de Gaza, et de « délégitimiser les conclusions de la Commission Goldstone » selon les termes d’officiels israéliens. La confiance reste grande en l’armée ; mais l’existence d’une commission indépendante serait la seule façon pour Israël de prouver sa bonne foi et de ne pas voir son cas transmis à la Cour Pénale Internationale de la Hague.

 

Richard Goldstone s’est par ailleurs largement défendu des accusations israéliennes et américaines à l’encontre du rapport émis par sa Commission, demandant aux accusateurs de justifier leurs critiques, selon Al Jazeera. Par ailleurs, il ne croit pas en la véritable volonté d’Israël de mener un processus de paix, rapporte Ha’aretz, ce qui a été démenti et critiqué par Lieberman.

 

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La Syrie opère un tournant diplomatique radical. Après s’être ouverte au Moyen-Orient, elle est en passe de signer un accord d’association avec l’UE. Cependant, Le Monde précise que le pays se laisse le temps d’en réévaluer les avantages, d’autant que les 25, Suède en tête, certes pressés de signer le partenariat, ne sont pas si enthousiastes – notamment en raison de problèmes dans le domaine des droits de l’homme.

Le pays s’est montré intéressé par une reprise des relations avec Israël, relations interrompues fin 2008 lors de l’attaque de la bande de Gaza. La Syrie cherche un médiateur pour discuter de la cession des monts du Golan avec l’état d’Israël ; dans ce sens, elle s’est rapprochée de la Turquie, en tension avec Israël pour avoir refusé de participer à un exercice militaire commun avec des pays du Proche Orient, et de l’Union Européenne.

 

L’Union pour la Méditerranée a été suspendue, en signe de protestation contre la guerre de Gaza. L’UPM est la seule institution où siègent un grand nombre de pays arabes, dont les Territoires Palestiniens, et Israël ; mais elle stagne, à cause de blocages diplomatiques – comme les tensions au Proche Orient – qui ne surmontent pas les projets concrets. Par ailleurs, l’Union ne possède pas de secrétaire général, le seul candidat ne rassemblant pas une majorité de voix.

 

La rébellion yéménite se poursuit, dans la discrétion. 10 Houthis (rebelles du nord) ont été condamnés à mort, les combats persistent. Cette rébellion s’inscrit dans un conflit plus large et surtout plus long, qui dure depuis quelques décennies. 2

 

2 http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article2132

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