Pour cette rentrée diplomatique et pour la fête de Yom Kippour, le Cercle Samarcande vous offre une revue des principaux événements de la scène moyen-orientale. A cette dernière occasion, les gardiens de la Révolution, milice iranienne islamique d’avant-garde militaire et idéologique, ont révélé leurs capacités de frappe ; doux souvenirs de la guerre du Kippour. La bonne volonté du chef d’Etat américain a par ailleurs été démontrée par l’engagement de discussions entre responsables israëliens et palestiniens, ainsi que par un « ré-engagement » sur la scène onusienne.
Dimanche dernier, au Yémen, l’armée de l’émirat a essuyé une attaque de rebelles Houthis, faisant 12 morts parmi les insurgés, rapporte le New York Times. Ce groupe est accusé par le gouvernement de vouloir restaurer l’Imamat Zaidi, dynastie chiite, qui régnait sur le pays jusqu’en 1962. Il existe de nombreux séparatismes au Yémen, renforcés par le mode de gouvernement tribal de ce pays.
Au Maroc, fervent allié américain dans la lutte contre le terrorisme, un réseau de recrutement de volontaires pour des attentats suicide a été démantelé. Le quotidien américain précise que le réseau avait déjà envoyé 20 volontaires en Irak, et prévoyait de collaborer avec Al Qaida.
L’Egypte, et tout le monde arabe a exprimé sa déception quant à l’échec de Farouk Hosni, ministre de la Culture, pourtant donné favori à l’élection du président de l’UNESCO. L’intéressé, déçu, songe même à démissionner de son poste au gouvernement égyptien. L’Expression et Al-Ahram mentionnent des rumeurs de pot-de-vins versés, et épinglent le lobby juif. C’est la candidate Bulgare Irina Bokova qui a remporté le scrutin, dimanche 27 septembre.
En Palestine, les tensions entre les différents groupes s’estompent : l’Egypte semble être parvenue à un compromis entre le Hamas et le Fatah, selon Ha’aretz. Les deux parties sont prêtes à collaborer dans le cadre d’un comité de conseil, dirigé par Mahmoud Abbas, qui prendrait part à l’administration de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, en attendant les élections présidentielles et législatives de 2010. Le compromis implique la présence de 3 000 agents de sécurité dans la bande de Gaza et la libération des prisonniers mutuels. Une réunion est prévue en octobre au Caire avec les autres groupes palestiniens pour parvenir à un accord officiel.
Lundi 28 septembre, jour de Yom Kippour dans l’Etat hébreu, des cérémonies ont célébré le 36e anniversaire de la guerre du Kippour, et les tensions se sont révélées : Le Monde rapporte des échanges de projectiles entre palestiniens et forces de police israëlienne à Jérusalem-Est, dimanche dernier.
En Israël, par ailleurs, cette semaine est marquée par le début des démarches judiciaires contre Ehud Olmert, ancien Premier Ministre, pour usage de faux et dissimulation de revenus, entre autres accusations, rapporte le quotidien français. Il avait déjà été impliqué dans des affaires de ce genre, notamment le « dossier Talansky », affaire de financement illégaux, qui l’avait forcé à démissionner de son poste de maire de Jérusalem.
Conflit Israël/Palestine
Après que le rapport Goldstone a mis sur un triste pied d’égalité Israëliens et Palestiniens en attribuant aux deux camps des crimes de guerres, un processus de paix est en route : les responsables Israëliens et Palestiniens (Mahmoud Abbas à leur tête) se réunissent mercredi à Washington, pour trouver des points d’entente d’ici le 15 octobre, date officielle de début des pourparlers.
Selon Ha’Aretz, les Palestiniens auraient mis de côté l’idée d’arrêt des constructions dans les colonies et à Jérusalem. En échange, ils veulent reprendre là où Ehout Olmert s’était arrêté (ce dont Netanyahu affirme n’être pas tenu), partir de la base des frontières de 1967 et travailler avec Israël à obtenir un accord permanent en deux ans.
Cependant, en tant que médiateur Israël-Palestine (rôle attribué par le traité de 1979), le Ministre des Affaires Etrangères égyptien Ahmed Abul Gheit accuse Israël, à la tribune de l’ONU, de manquer de volonté pour un dialogue « sérieux et crédible ». Il demande qu’Israël gagne la confiance des palestiniens en acceptant de mettre fin aux constructions. Le Monde émet l’idée qu’Israël fasse passer les pourparlers au second plan derrière la menace que représente l’Iran.
Nucléaire Iranien
L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a rendue publique la semaine dernière l’existence d’un nouveau site d’enrichissement nucléaire à Qom, en plus de celui de Natanz. Ha’Aretz rapporte d’ailleurs que les officiels Iraniens sont disposés à convenir d’un calendrier de visite des sites atomiques, mais ne mettraient fin à leurs activités, ne serait-ce qu’une seconde.
C’est dans ce contexte tendu entre l’Iran et l’Occident que les Gardiens de la Révolution ont procédé en Iran à des essais balistiques, lundi 28 septembre. Les nouveaux missiles sont d’une technologie avancée, rapporte Ha’Aretz : plus précis et de grande portée (2 000 km), ils seraient susceptibles d’atteindre Israël, la Russie, ou les bases américaines du golfe.
Le Monde et le quotidien hébreu rapportent la réaction inquiète des 6 puissances occidentales : Washington considère que ces essais sont une provocation, et demande un accès au site de Qom, voire un arrêt complet des activités de développement nucléaire. Medvedev perçoit pour la première fois les sanctions comme inévitables – ce changement de position est d’ailleurs peut-être dû à l’abandon de la Maison Blanche du projet de bouclier anti-missiles en Europe. Israël est également pressé de lancer des sanctions contre le régime islamiste : « si ce n’est pas maintenant, alors quand ? », a demandé Netanyahu.
Les intentions iraniennes sont particulièrement belligérantes : Hossein Salami, commandant des forces aériennes des Gardiens de la Révolution, a averti que Téhéran répondrait à toute menace de manière « destructrice », notamment si elles portent sur son programme nucléaire. Vahidi, un ex-membre de ce mouvement, affirme que « le régime sioniste est sur la pente de la destruction ».
Pour Iran daily, l’Occident se méprend totalement quant à la nature du régime iranien, d’où les tensions diplomatiques actuelles. Ahmadinejad se dit prêt à dialoguer avec Obama s’il entend mettre en oeuvre ses promesses de changement.
La rentrée des Nations Unies
La rentrée des Nations Unies compte enfin parmi les sujets les plus abordés dans le monde arabe. Tous les ans, les chefs d’Etat s’expriment à l’Assemblée Générale sur les principaux points de tensions de la politique internationale. Le New York Times rapporte de façon extensive cet événement, principalement marqué par les discours de Barack Obama et du Général Kadhafi, chef d’Etat lybien et Président de cette Assemblée Générale.
Pour son premier discours à la scène internationale depuis 1969, date de son arrivée au pouvoir, ce dernier a dispensé ses avis et requêtes pendant une heure et demie (au lieu du quart d’heure habituellement alloué), au grand dam de son traducteur1. Il a notamment qualifié la grippe H1N1 de vaste complot occidental, et préconisé une fusion de la Palestine et d’Israël comme solution au conflit régional.
Qualifiant le Conseil de Sécurité de « Conseil de la Terreur », il a choqué l’assemblée en déchirant la Charte des Nations Unies à la tribune, tout en la dénonçant comme un leurre diplomatique au profit d’une poignée de pays, à la botte des Etats-Unis. Il a cependant félicité Obama, « fils d’Afrique », pour son accession au pouvoir, lui souhaitant un règne aussi long que le sien. Le discours d’Obama, à cette occasion, a apporté beaucoup d’espoir aux membres de l’Organisation lorsqu’il a affirmé que les Etats-Unis se sont « réengagés dans les Nations Unies ».
Par ailleurs, tous les Etats se sont exprimés à la tribune, de façon plus courte, pour rattraper leurs agendas, et plus discrète, pour la plupart. Seul Benyamin Netanyahu, Premier Ministre Israëlien, a brandi les originaux de plans d’exécution nazis, appelant à Ahmadinejad à ne plus qualifier l’Holocauste de « mythe fabriqué de toute pièce par les sionistes », comme le rapporte le Wall Street Journal. Le chef d’Etat iranien avait soutenu que les « Juifs avaient fait des centaines de films et écrit des centaines d’ouvrages pour prouver qu’ils avaient souffert et méritaient un territoire ».
1http://www.nypost.com/p/news/international/translator_collapsed_during_khadafy_EAHR9j2jHOt8Y6TFRhrcQM
Les gardiens de la Révolution ou Pasdaran, ne sont pas une milice mais une armée dépendant directement du Guide. A ne pas confondre avec les milices bassij.